Recherches et connaissances

La naturopathie au service de nos animaux

La naturopathie est une des pratiques traditionnelles reconnue par l’OMS tout comme la médecine Ayurvédique ou la médecine chinoise. Elle offre une vision globale de la santé, de l’hygiène de vie qui y préside en usant de techniques naturelles qui s’appliquent depuis des millénaires aux humains mais aussi aux animaux.

La naturopathie animale se base sur l’utilisation de plusieurs techniques que le professionnel emploie en fonction de ses spécialités et des besoins de l’animal. Parmi les outils, l’aromathérapie, les massages, l’acupuncture et notamment la phytothérapie ont, dans la vision française de la Naturopathie, une vocation essentiellement préventive qui s’appuie globalement sur une lecture complète de l’animal. En étroite collaboration avec le vétérinaire, le naturopathe pour les animaux peut aider le consultant à quatre pattes à se sentir mieux. Associée à la pratique allopathique du vétérinaire, la naturopathie contribue au bien-être de l’animal dans tous les aspects de sa vie quotidienne. Parmi toutes les formes de cette pratique dite douce ou naturelle, la phytothérapie est un incontournable.

 

Phytothérapie, une petite histoire dans la grande

La plus ancienne indication de l’utilisation des plantes remonte à la préhistoire. Suite à des fouilles archéologiques en Allemagne, il semblerait qu’Homo Erectus utilisait déjà des plantes médicinales. Ces plantes lui auraient permis de traiter des troubles urinaires, respiratoires ou dermatologiques.

Exposée dans la médecine traditionnelle indienne dans des écrits datés de 4500 à 1600 ans avant Jésus-Christ, la phytothérapie est aussi le pilier de la médecine Ayurvédique. Son traité médical Charaka Samhita fait état de son importance en matière de bonne hygiène de vie et de meilleure harmonie de l’homme avec son environnement. De même, l’un des plus anciens textes de la médecine traditionnelle chinoise remonte à 2900 ans avant Jésus-Christ. Il s’agit d’un herbier le Shennong bencao jing qui décrit des plantes thérapeutiques, parmi elles le ginseng, la réglisse ou la cannelle…

En décoction, en infusion, en teinture-mère, en poudre, la phytothérapie a de tous temps été utilisée pour accompagner l’homme et l’animal. Selon l’OMS, 70% de la population mondiale actuelle a recours à la phytothérapie.

 

La phytothérapie soigne les animaux en complément des soins allopathiques

La phytothérapie constitue aussi la plus vieille forme de médecine vétérinaire. En 500 ans avant Jésus-Christ, on note en Grèce la première évocation d’un « médecin pour chevaux ». Pour lui, il n’est question que de plantes et il en décrit plus de deux cents dans son ouvrage. Quant au 18ème siècle les premières écoles vétérinaires voient le jour à Lyon en 1762 puis à Maisons-Alfort en 1764, leur fondateur Claude Bourgelat y prévoit la culture des plantes médicinales toujours utilisées pour soigner les animaux. C’est ainsi que les jardins botaniques occupent une place centrale dans ces écoles où les étudiants du monde entier affluent pour se former…

« Les plantes médicinales seront rangées sous vingt-deux classes, […] les arbres et arbustes composant les cinq dernières. Chaque plante sera précédée d’une étiquette indicative du nom qui lui est accordé dans notre langue pour en faciliter l’abord […]. Outre les vingt- deux classes de plantes usuelles qui composeront les Jardins, on y ménagera une quantité suffisante de terrain pour y classer les plantes nutritives, salutaires ou nuisibles aux animaux […]. » (Bourgelat, 1777).

 

Changements de paradigmes !

Alors que les avancées de la recherche pharmaceutique changent les standards de la médecine, la phytothérapie est délaissée au profit de molécules de synthèse qui reproduisent artificiellement les substances naturelles. Purifiées, modifiées, synthétisées ou créées de toutes pièces, ces nouvelles molécules sont plus simples d’utilisation et on leur attribue notamment l’avantage de diminuer les effets secondaires et/ou de potentialiser les effets bénéfiques. Leur approvisionnement est facile à un coût souvent raisonnable (la synthèse est généralement moins coûteuse que l’extraction).

La phytothérapie prend un nouvel essor au début du XXème siècle et en 2000 la création de la première organisation internationale de phytothérapie clinique voit le jour. Elle conserve la phytothérapie traditionnelle comme source d’informations validée tout en encourageant la recherche et elle démocratise l’utilisation de la phytothérapie en médecine vétérinaire. Le marché de la phytothérapie animale se développe alors peu à peu et rencontre un franc succès auprès des élevages biologiques, des propriétaires de chevaux et d’animaux domestiques.

 

Pratique traditionnelle et phytothérapie animale

La médecine ayurvédique reconnait chez l’animal tout comme pour l’homme chez un animal trois forces métaboliques qui peuvent être sources de déséquilibre :

  • Vata = ciel + air,
  • Pitta = feu + eau,
  • Kapha = eau + terre.

Ces éléments influencent le comportement de l’animal, ses goûts et son physique.

Ainsi un chat « Vata » aura tendance à être hors normes, très grand ou très petit par rapport à la moyenne de sa race, il aura les coussinets froids, un comportement plutôt inquiet.
Un chat de type « Pitta » aura une ossature plus délicate, une intelligence vive et sera très exclusif.
Un chat de type « Kapha » aura tendance à l’embonpoint et sa digestion lente l’obligera à manger en plusieurs fois.

Selon ces différents profils d’animaux, la médecine ayurvédique propose de rééquilibrer l’organisme à l’aide de plantes et d’épices adaptées au type de chaque animal. Il sera également envisageable de faire des massages en utilisant des infusions des végétaux. Cette médecine demeure en Europe très peu utilisée sur l’animal.

La médecine traditionnelle chinoise propose une toute autre approche qui concerne elle aussi l’homme et l’animal. Elle se construit autour de l’existence de cinq saisons corrélées à cinq éléments : le bois, le feu, le métal, l’eau et la Terre.

En résumé :

  • le printemps = bois,
  • l’été = feu,
  • l’automne = Métal,
  • l’hiver = eau
  • l’été indien pour la cinquième du 15 août au 30 septembre = Terre.

Chaque organe est « roi » dans l’une de ces saisons. Par exemple, le foie domine au printemps car la sève monte, il est lié à la couleur verte. Dans cette approche, au printemps il est important de drainer, de nettoyer le corps. Pour ce faire, on utilise du chardon marie, du desmodium, ou du radis noir. En médecine traditionnelle chinoise la stimulation de points d’acupuncture accompagne très souvent la prise orale de plantes présentées soit sous forme séchée, en EPS ou soit en bourgeons. Cette approche médicinale est souvent compliquée à mettre en place car la plupart des ouvrages référencent des plantes traditionnelles chinoises et ne font pas de parallèles avec les plantes endémiques de nos latitudes, leur importation a un coût !

 

Quid de la phytothérapie

En Europe et plus localement en France, la phytothérapie choisit surtout les plantes en considérant les symptômes et /ou les pathologies que l’animal présente. Les plantes peuvent être ingérées sous forme de compléments alimentaires ou apposées localement sur l’animal. Il est d’usage de mettre en place des enveloppements à base d’argile ou d’algues pour compléter la cure de phytothérapie orale. Les plantes seront choisies en fonctions des symptômes de l’animal, du traitement vétérinaire qu’il reçoit s’il en a un, et de ses paramètres biologiques propres. Certaines pathologies animales peuvent nous rappeler celles de l’homme mais il est important de sélectionner les plantes propres à chaque espèce, à ses pathologies et ses symptômes. Il en va de même pour les posologies et les associations de plantes.

 

Pas de panique

Si vous vous demandez comment vous allez faire pour distribuer des plantes à vos animaux ? Rassurez-vous ; le chien est un animal plutôt gourmand, il suffit donc de lui donner le complément alimentaire (souvent sous forme de poudre ou liquide) directement sur sa ration.
Si celle-ci est humide, le complément se mélange facilement. Si c’est une alimentation sèche vous pouvez l’humidifier avec de l’eau ou un bouillon de poule ou de bœuf. Et si votre animal est gêné par le goût ou l’odeur, le bouillon ou une huile de saumon ou de foie de morue sont le bon moyen de rendre la ration appétente, surtout pour votre chat dont l’odorat très développé le rend plus compliqué à convaincre.

 

Cas pratique : observer, décrire et adapter

Pour illustrer l’usage de la phytothérapie, prenons l’exemple de l’insuffisance rénale de plus en plus répandue chez les chats (principalement âgés de plus de 8 ans). Cette maladie est souvent détectée tardivement car du moment qu’au moins un tiers du rein fonctionne, le comportement de l’animal n’est pas affecté. C’est donc au propriétaire de bien repérer les premiers symptômes qui se traduisent souvent par une augmentation du volume de boisson et du volume d’urine. Cela dit, les symptômes peuvent bien sûr différer d’un animal à l’autre ; une perte de poils ou une perte d’appétit, l’augmentation de la pression artérielle, une anémie feront partie des signes qui alerteront le vétérinaire.

C’est en tenant compte de ces observations que le phytothérapeute ou le Naturopathe pour les animaux adapte le choix des plantes. Avant tout, l’animal devra adopter un régime pauvre en sel et potassium et son repas respecter une faible teneur en protéines. Le jus de bouleau est un excellent draineur, il permettra à son organisme de continuer à éliminer les déchets. L’ortie aussi favorise l’élimination rénale et c’est un bon reminéralisant. Le curcuma et le boswellia stimulent la fonction rénale, ils ont également un rôle anti-oxydant intéressant surtout lorsque l’inflammation s’accentue dans l’organisme de votre vieux chat.

 

Tel maître, tel chien !

Vous l’aurez compris, la phytothérapie animale est très similaire à celle de l’homme. Elle demande de parfaites connaissances autant biologiques que comportementales des espèces accompagnées par le professionnel. L’observation du propriétaire joue un rôle primordial car il est capital de tenir compte de la façon dont s’expriment les symptômes de l’animal pour bien choisir les plantes ainsi que leur dosage. L’un des paramètres, trop souvent négligé, n’est autre que le propriétaire de l’animal lui-même ! Vous connaissez l’adage « tel maître, tel chien » ! Hé bien en naturopathie et plus particulièrement en phytothérapie, il est souvent nécessaire d’accompagner l’homme et l’animal comme un tout qui ne cesse d’interagir.

 

 

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– Par sarah Gaspard experte en nutrition et phytothérapie animale